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Начало (после 2) июня 1824 г. Одесса.
(Черновое)
Je suis bien fâché que mon congé vous ait fait tant de peine, et l'affliction que vous m'en témoignez me touche sincèrement. Quant à la crainte que vous avez relativement aux suites que ce congé peut avoir, je ne la crois pas fondée. Que regretterais-je — est-ce ma carrière manquée? C'est une idée à laquelle j'ai eu le temps de me résigner. — Sont-ce mes appointe<ments>? — Puisque mes occupations littéraires [peuvent me procurer] plus [d'argent] il est tout naturel [de leurs sacrifier des occupations de mon service etc.] Vous me parlez de protection [et d']amitié. Deux choses incompatibles; je ne puis ni ne veux prétendre à l'amitié du Cte Wor<onzof>, encore moins à sa protection: rien que je sache ne dégrade plus que le patronage, et j'estime trop cet homme pour vouloir m'abaisser devant lui. Là-dessus j'ai des préjugés démocratiques qui valent1 bien les préj<ugés> de l'org<ueil> de l'Aristocratie.
Je suis fatigué de dépendre de la digestion bonne ou mauvaise de tel et tel chef, je suis ennuyé d'être traité dans ma patrie avec moins d'égard que le premier galopin anglais qui vient y promener parmi nous sa platitude et son baragouin.
Je n'aspire qu'à l'indépendance — pardonnez-moi le mot en faveur de la chose — à force de courage et <de> persévérance je finirai par en jouir. J'ai déjà vaincu ma répugnance d'écrire et de vendre mes vers pour vivre — le plus grand pas est fait. Si je n'écris encore que sous l'influence capricieuse de l'inspiration, les vers une fois écrits je ne les regarde plus que comme une marchandise à tant la pièce. — Je ne conçois pas la consternation de mes amis (je ne sais pas trop ce que c'est que mes amis).
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Il n'y a pas de doute que le Cte W.<oronzof> qui est un homme d'esprit saura me donner le tort dans l'opinion du public — triomphe très flatteur et dont je le laisserai jouir tout à son [gré] vu que je me soucie tout autant <de> l'opinion de ce public que du blâme <et> de l'admiration de nos journaux.