126

539. H. H. Гончаровой.

26 ноября 1830 г. Болдино.

D'après votre lettre du 19 Nov.<embre> je vois bien qu'il faut que je m'explique. Je devais quitter Boldino le 1r octobre. La veille j'allais à une trentaine de verstes de chez moi chez la Psse Galitzin pour savoir au juste le nombre des quarantaines, le chemin le plus court etc. Comme sa campagne se trouve sur le grand chemin, la Psse s'était chargée de savoir tout cela au juste.

Le lendemain 1r octobre1 en revenant chez moi, je reçois la nouvelle que la Choléra a pénétré jusqu'à Moscou, que l'Empereur y est et que les habitants l'ont tous abandonnée. Cette dernière nouvelle me rassure un peu. Ayant appris cependant que l'on délivrait des certificats pour un passage libre ou, au moins, pour un temps moindre de quarantaine, j'écris à cet effet à Нижний. On me répond que le certificat me serait délivré à Лукоянов (comme quoi Boldino n'est pas infecté). En même temps on m'apprend que l'entrée et la sortie de Moscou sont interdites.2 Cette dernière nouvelle et surtout l'incertitude de votre séjour (je ne recevais de lettre de personne à commencer par Mr mon frère, qui se soucie de moi comme de l'an 40) m'arrêtent à Boldino. Arrivé à Moscou, je craignais ou plutôt j'espérais3 de ne pas vous y trouver, et quand même on m'y aurait laissé pénétrer, j'étais sûr qu'on ne m'en laisserait pas sortir. En attendant le bruit que Moscou était désert se confirmait et me rassurait.

127

Tout à coup je reçois de vous un petit billet ou vous m'apprenez que vous n'y avez pas songé... Je prends la poste; j'arrive à Лукоянов où l'on me refuse un passe-port sous prétexte que j'étais choisi pour inspecter les quarantaines de mon district. Je me décide à continuer ma route après avoir envoyé une plainte à Нижний. Arrivé sur le territoire de Vladimir, je trouve que la grand'route est interceptée et que personne n'en savait rien, tellement les choses sont ici en ordre. Je revi<ens à>1 Boldino, ou je resterai ju<squ>'à1 ce que je n'aie reçu le pa<ss>eport1 et le certificat, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'il plaira à Dieu.

Vous voyez donc (si toutefois vous daignez me croire) que mon séjour ici est forcé, que je ne demeure pas chez la Psse Galitzin, quoique je lui aie rendu une visite; que mon frère cherche à s'excuser quand il dit m'avoir écrit dès le commencement de la Choléra, et que vous avez tort de vous moquer de moi.

Sur ce — je vous salue.

26 nov.

Абрамово n'est pas la campagne de la Psse Galitzin comme vous le croyez — mais une station à 12 verstes de Boldino, <Лук>оянов2 en est à 50.

Comme il para<it>1 que vous n'êtes pas disposée à me croire sur parole je vous envoye deux documents2 de ma détention [forcée<?>].

Je3 ne vous ai pas dit la moitié de toutes les contrariétés que j'ai eu à[essy]essuyer. Mais ce n'est pas en vain que je suis venu me fourrer ici. Si je n'avais pas été de mauvaise humeur en venant à la campagne, je serais retourné à Moscou dès la seconde station, ou j'ai appris que la Choléra ravageait Нижний. Mais alors je ne me souciais pas de rebrousser chemin et je ne demandais pas mieux que la peste. <См. перевод>

Сноски

Сноски к стр. 126

     1 1r octobre вписано.

     2 sont interdites переделано из est interdite

     3 ou plutôt l'espérais вписано.

Сноски к стр. 127

     1 Прорвано.

     2 Было: un document

     3 Отсюда до конца письма написано поперек предыдущего текста.